Sans lendemain

C'est Madame Kévin qui dernièrement proposait un jeu d'écriture à partir d'une photo qui serait commune. Chaque personne qui le souhaite écrit un texte et le publie sur son blog.

Sans lendemain.

Elle avait imaginé qu’elle partirait avec lui.

D’ailleurs, rien dans ses paroles ne lui aurait permis de croire le contraire… Tout était toujours parfait, exceptionnel, éternel.

Tout le serait. C’est sûr. Il suffisait de le dire pour le penser.

Elle savait que la vie n’est pas ainsi mais il paraissait si persuadé qu’elle en fut convaincue, elle aussi. Là résidait sa faiblesse.

Ils partiraient donc fouler le sable étranger. Cette fois-ci, il y aurait les enfants. Ils iraient au bord de l’océan, ils prévoiraient une grande couverture, ils la lanceraient très haut et, retombant doucement, très doucement, elle s’étalerait parfaitement sur le sable, sans plis.

Ils déferaient leurs chaussures et poseraient un pied timide sur la couverture puis chacun prendrait ses aises, chacun écarquillerait les orteils en éventail, chacun caresserait le sable doux, chaud et apaisant, comme on caresse l’espoir de jours à jamais heureux. Les enfants iraient tâter le sable mouillé du bout du pied puis se feraient une joie de taquiner la belle Océane en quelques éclaboussures. Ce ne serait pas bien grave, le soleil serait déjà ardent.

Quant à nous, l’un près de l’autre, nous prendrions le temps d’une, et même deux, bières sirotées nonchalamment, rêvassant, regardant l’horizon lointain et certains de nos vies réunies.

Étrangement, tout semblait parfait, exceptionnel, éternel.

Étrangement, elle avait imaginé.

Jusqu’au jour où tout devint imparfait et brutal, du jour au lendemain.

Sans lendemain.