jeudi 15 décembre 2011

Antoine et Isabelle


Antoine et Isabelle
VINCENT BOREL



Quatrième de couverture:

Quand ils se rencontrent à Barcelone en 1925, Antonio et Isabel rêvent d’une vie libre et neuve, à l’image des utopies du temps. Isabel a fui avec sa famille la misère de l’Andalousie, Antonio a gravi les échelons au grand hôtel Oriente. Avec ses camarades de rang, il s’enthousiasme pour la jeune République espagnole. Son engagement a tôt fait de l’entraîner dans le tourbillon de l’histoire : en 1936, il prend les armes, quittant à jamais Barcelone. La bataille de l’Èbre, la fuite précipitée avec la troupe en déroute, le camp de réfugiés dans les Alpes, où il retrouve sa jeune famille, puis le maquis, l’arrestation par les Allemands en 1943 et l’envoi au camp de Mauthausen, voilà où ses choix conduisirent l’homme vaillant et opiniâtre que fut le grand-père du romancier. 

Vincent Borel en effet ne cache pas ses intentions : rendre justice à ceux qui, installés en France, devinrent Antoine et Isabelle. En s’appropriant la mémoire des siens, l’écrivain prend la pleine mesure de la nécessité qu’a la littérature de témoigner. Se démarquant de la saga familiale, il inscrit le destin de ses proches dans l’épopée du vingtième siècle. 

L’histoire exemplaire de ses grands-parents est conduite en parallèle avec celle, non moins exemplaire, d’industriels lyonnais. De cette famille Gillet, aperçue par Antonio quand il était dans la claque de l’opéra de Barcelone, le romancier retrace les tribulations : s’immisçant dans les mariages arrangés et les alliances stratégiques, il donne chair et corps à ces capitaines d’industrie que les soucis d’équilibre boursier et d’acquisition de brevets menèrent, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, à préserver coûte que coûte leurs intérêts. Le textile et la chimie étaient bien loin des idéaux de la Résistance. 

Alternant, dans une narration éblouissante, l’évocation des républicains espagnols et celle des nantis lyonnais, Vincent Borel convainc par l’intelligence de ses personnages : chacun a fait des choix, que le romancier ne s’arroge pas.

PRIX PAGE DES LIBRAIRES 2010



Ma lecture:

Cette lecture m'a touchée pour plusieurs raisons car elle fait écho à mon histoire familiale et personnelle.

Antoine et Isabelle émigrent en France quand Franco prend le pouvoir en Espagne, leurs espoirs d'une nouvelle République s'effondrent, ils fuient. J'ai des origines espagnoles par mon grand-père paternel. D'ailleurs je porte un nom espagnol. Par contre, concernant mes arrières-grands-parents, ils ont émigré en France bien avant 1936, probablement pour des raisons économiques (ou politiques?). Je ne sais pas trop. Mes arrières-grands-parents sont nés en Espagne à Finestrat (fin 19ème)mais mon grand-père est né en France en 1916.

Aspres-sur-Buëch est évoqué dans le roman, mon père y est né. Le rationnement était moins "sévère" en montagne pendant la seconde guerre mondiale! Dans le roman, Antoine et Isabelle y vivent car il y avait un camp de réfugiés espagnols. 

Puis enfin, le roman évoque également l'histoire de la famille Gillet à Lyon. J'ai passé des heures et des heures à la villa Gillet avec mes enfants. (Vous pouvez voir des photos ICI).

J'ai donc apprécié cette lecture très très documentée historiquement à la fois sur l'histoire de l'immigration espagnole vers la France, la période Franco et l'histoire de la famille Gillet (et ses rapports à l'Allemagne pendant la seconde guerre). 
L'écriture est très soignée, tellement (et c'est ma seule réserve) que je me suis sentie parfois un peu trop spectatrice des personnages (comme si l'auteur avait une distance avec eux). 

 BONNE LECTURE

(Et pour voir toutes mes lectures, cliquez ICI)


7 commentaires:

  1. J'aime beaucoup les romans relatant une histoire familiale sur plusieurs générations ... Il y a toujours des moments , des passages qui font échos avec notre propre histoire et quand cela se passe en plus dans ta ville , c'est encore mieux !

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  2. Aujourd'hui une grande journée juste pour moi, je vais donc lire ...

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  4. Deux lectures hors fiction ?
    - Geneviève Dreyfus-Armand, "L'exil des républicains espagnols en France, De la guerre civile à la mort de Franco", Albain Michel, 1999, 475 p.
    - Manuel Razola et Mariano Constante, "Triangle bleu, Les républicains espagnols à Mauthausen", Ed. du Félin, 2002, 190 p.

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  5. Merci pour cette critique. J'aime les sagas sur plusieurs génération, je note.

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  6. Une façon de mieux se plonger dans l'histoire si tu t'y reconnais

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  7. Merci pour cette critique toujours très utile pour moi...Bonne journée...

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