Édouard Louis
En finir avec Eddy Bellegueule
Quatrième de couverture:
"Je suis parti en courant, tout à coup. Juste le temps d'entendre ma
mère dire Qu'est-ce qui fait le débile là ? Je ne voulais pas rester à
leur côté, je refusais de partager ce moment avec eux. J'étais déjà
loin, je n'appartenais plus à leur monde désormais, la lettre le disait.
Je suis allé dans les champs et j'ai marché une bonne partie de la
nuit, la fraîcheur du Nord, les chemins de terre, l'odeur de colza, très
forte à ce moment de l'année. Toute la nuit fut consacrée à
l'élaboration de ma nouvelle vie loin d'ici". En vérité, l'insurrection
contre mes parents, contre la pauvreté, contre ma classe sociale, son
racisme, sa violence, ses habitudes, n'a été que seconde. Car avant de
m'insurger contre le monde de mon enfance, c'est le monde de mon enfance
qui s'est insurgé contre moi. Très vite j'ai été pour ma famille et les
autres une source de honte, et même de dégoût. Je n'ai pas eu d'autre
choix que de prendre la fuite. Ce livre est une tentative pour
comprendre.
Ma lecture:
Édouard Louis ne s'appelait pas ainsi avant. Avant il était Eddy Bellegueule et dans son roman, il livre son enfance, son éducation, sa famille et ses blessures. Son roman est comme une plongée dans un monde qu'on ne connaît pas (ou si peu), que parfois on frôle sans jamais y pénétrer parce qu'à la fois trop proche et trop loin de nous. Ce qui m'a particulièrement intéressée dans ce livre, c'est le poids des déterminismes sociaux, ce poids qui fait qu'aujourd'hui on naît dans un milieu socio-culturel et qu'il y a de fortes probabilités pour qu'on n'en sorte pas voire même qu'on régresse dans l'échelle sociale. Et également la terrible question de l'école qui ne joue plus son rôle d’ascenseur social comme elle pouvait le faire il y a plus de trente ans. Aujourd'hui les personnes comme Édouard Louis sont l'exception rarissime qui confirme la règle. Je retiens notamment l'épisode dans lequel il parle de sa sœur qui aurait aimé être professeur d'Espagnol puis au vu de ses résultats trop moyens en collège et un conseiller d'orientation qui déconseille... et la voilà apprentie pour devenir vendeuse. Le déterminisme social aura été plus fort. Mais l'école a-t-elle encore les moyens de combattre la misère sociale et la désespérance qu'elle bâtit?
L'alcoolisme, la pauvreté, le manque de soin corporel, les films ou revues pornographiques, la télévision, la virilité exacerbée, l'absentéisme scolaire, le racisme, l'homophobie, les injures et les humiliations, rien n'est épargné au lecteur. Comment le jeune Eddy qui a des "manières" et une voix plutôt féminine va-t-il vivre sa différence? Parviendra-t-il à être le petit garçon viril qu'on attend qu'il soit? Quel est ce chemin singulier qui finalement conduira ce jeune homme à entrer à l'ENS?
Une lecture pour le rdv chez Virginie
J'en ai beaucoup entendu parler, en bien, mais j'ai l'impression que la lecture peut être très dérangeante, ce ne doit pas être un livre "qui fait du bien"! Je n'ose pas me lancer, on baigne déjà dans des atmosphères sociales très difficiles dans ce métier, ça va me faire broyer du noir!
RépondreSupprimerJe suis comme ptitejulie, j'"hésite à lire ce bouquin !
RépondreSupprimerJe vais attendre le poche mais je le note... Merci du partage
RépondreSupprimerJe vais attendre moi aussi le poche. Il se rajoutera dans ma liste des livres à acheter.
RépondreSupprimerUne belle lecture du jour, comme d´habitude Chrys!
RépondreSupprimerMerci pour tes visites lors de mon séjour aux États-Unis
Bisous et bon weekend chez toi
Elisa, en Argentine
j'ai regardé la vidéo et ce livre qui, à priori, n'était pas pour moi, je le vois sous un autre jour....Mon fils est dans un collège où la majorité des enfants viennent de cités et je n'ai pas la sensation que l'école n'ait jamais pu faire quelque chose pour eux, pour les sortir de leur condition sociale et les tirer vers le haut. J'ai plutôt l'impression qu'elle les tire vers le bas ainsi que ceux qui suivent du coup....
RépondreSupprimerTu me tentes avec cette critique très positive ! Je suis à cours de romans en ce moment, où plutôt à cours de motivation pour ceux encore non lu qui trônent sur ma bibliothéque...
RépondreSupprimerAlors celui-là... il ne faut pas le louper.
RépondreSupprimerEt dire que sa famille nie encore tout...
je note le titre, ça doit être certes perturbant mais surement très intéressant
RépondreSupprimerun grand moment de lecture pour moi ! :))))))
RépondreSupprimer(^‿^)❀
RépondreSupprimerMerci chère Chrys de partager tes lectures, je trouve cela toujours très intéressant.
Bon dimanche et GROS BISOUS à toi :o)
Ce qu'il dit dans l'interwiew m'interpelle: la violence verbale dans laquelle les gens ' dépossédés de langage ', basculent comme défense à l'incompréhension. C'est ce que je note tous les jours à l'école...et pourtant ils sont petits.
RépondreSupprimerMerci, je note.
Biz
je l'ai vu aussi lors de son passage à LGL, il est touchant mais je ne sais pas si j'ai envie de le lire.
RépondreSupprimerJe le note...Bon dimanche
RépondreSupprimerJe compte vraiment lire ce livre très prochainement, il est en haut de ma liste pour les prochaines semaines.
RépondreSupprimerC'est un livre qui hante longtemps ... et effectivement pose des questions sur l'héritage social et les lacunes du système scolaire. ça fait peur !
RépondreSupprimerUn témoignage très dérangeant qui m'a mise très mal à l'aise, je m'attendais à un roman alors que tout semble très autobiographique.
RépondreSupprimerJ'ai ce livre dans ma pal ... je le prendrai quand je serai prête ... pour avoir vécue en Picardie dans un petit village je pense ue je vais retrouvé ces mentalités si particulières !
RépondreSupprimerLivre à recommander absolument, sans détours ni chichis, l'histoire d'un transfuge de classe comme on aimerait qu'il y en ait plus !
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